Actualité théâtrale
Jusqu’au 27 juin au Théâtre Les Déchargeurs
« La mastication des morts »
http://www.snes.fr/La-mastication-des-morts.html
23 mai 2011
Un homme revient dans le village de son enfance, Moret-sur-Raguse, village imaginé par Patrick Kermann, l’auteur de ce beau texte. Il s’endort sur un banc près du cimetière et sa visite aux champs des morts peut commencer. Avec eux, c’est la vie d’un village, avec son bistrot, ses hommes et ses femmes, leurs amours et leurs détestations, leurs joies, leurs conflits et aussi leurs regrets, qui s’anime devant nous. Il y a celui qui ne se fait pas à sa nouvelle vie, celle qui dit « je ne suis pas morte, je repose c’est différent », celui qui ne pense qu’à se réveiller, celle qui dit « plus on est de morts plus on rit » et aussi, les enfants morts-nés et les hommes morts au champ d’honneur. Tout un monde de morts, de souvenirs et de secrets échappés du monde des vivants. Et pourtant, ce n’est pas triste, on est ému, on sourit, on rit même dans cette visite sous-terre. Réflexions un peu tristes – « le peu que j’ai vécu, je ne le regrette pas vu ce que j’ai entendu » dit un enfant mort-né - alternent avec des moments drôles, le curé qui dit « si c’était à refaire, je choisirais un autre boulot ».
Patrick Kermann parle en fait des souvenirs, des corps et des voix du passé et du présent. Dans la mise en scène d’Olivier Lacut, les noms des morts s’affichent en fond de scène et s’effacent peu à peu comme s’ils s’envolaient. Patrick Kermann manie avec beaucoup de délicatesse les changements de ton, passe de l’élégiaque au mélancolique puis à l’humour. Il a sous-titré son texte « Oratorio in progress ». Olivier Lacut, qui l’a mis en scène et l’interprète, a donc fait la part belle à la musique, à la chanson et à la gestuelle pour faire écho à la musicalité du texte. Il se déplace comme un danseur qui nous parle aussi avec ses gestes beaux et lents. Sa rigueur et son élégance magnifient ce beau texte.
Micheline Rousselet
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